• «Métrosexuel», cet urbain branché qui s'approprie une part de féminité

    Les nouveaux mâles se cherchent

    Bijoux, produits de beauté... Ils n'ont jamais autant pris soin de leur corps et de leur look. C'est le triomphe du «métrosexuel», cet urbain branché qui s'approprie une part de féminité.


    Les «métrosexuels» sont parmi nous. Impossible de regarder une publicité, d'ouvrir un magazine, voire de suivre un match de foot à la télé sans tomber nez à nez avec cette créature. Les métrosexuels sont les cousins des bobos, cette tribu qui occupe le devant de la scène depuis deux ou trois ans, empruntant à la fois aux bourgeois et aux bohèmes. Le métrosexuel, lui, est un mélange de dandy et de gay mâtiné d'une pointe de «mac». Il se pomponne, redécouvre l'art du rasage, se met des crèmes sur le visage, se fait un regard de braise grâce à quelque khôl spécialement concocté pour lui et peut parfois se mettre un peu de vernis sur les ongles. Un sarong fuchsia ou une veste mauve des couturiers italiens Dolce & Gabbana ne l'intimident pas le moins du monde, au contraire. Mais - tout est dans ce détail - il n'est pas homosexuel. Sophistiqué, attentif à lui-même et aux autres, le métrosexuel «n'a pas peur de soigner sa personne et d'apprécier les choses raffinées», explique le site Internet BeMetro.com, feuille de route du nouveau mâle.
    Icônes de cette tendance: les footballeurs David Beckham ou Djibril Cissé, le rugbyman Frédéric Michalak, les membres du groupe Kyo, révélation de l'année aux dernières Victoires de la musique, Edouard Baer ou, mieux, Ariel Wizman. Même les rappeurs, qui prônent souvent des valeurs très machos, voire homophobes, s'y mettent: gros bijoux et pantalons satinés, coupes de cheveux travaillées, corps sculpté... «Ces hommes deviennent des objets, explique Christine de Panafieu, fondatrice de Cosight, un cabinet de conseil. Chez eux, le muscle n'est pas seulement un attribut fonctionnel. Il a une valeur esthétique, comme les seins chez la femme.»


    Le rôle de l'élévation du niveau de vie Frédéric Loeb, conseiller en innovation, résume: «Aujourd'hui, les épaules du métrosexuel sont l'équivalent du décolleté chez la femme.» Le néologisme est né en 1994, sous la plume de l'écrivain britannique Mark Simpson, qui ironisait sur les effets du consumérisme et des nouveaux magazines pour hommes. Mais le mot fait le tour de la planète quand il est repris, en juin 2003, par Marian Salzman, chief strategy officer à l'agence de publicité Euro RSCG Worldwide, à New York. Il désigne un trentenaire urbain (d'où «métro», pour métropolitain), branché, prenant grand soin de son corps et de tout son être. Depuis, on a vu fleurir un tas d'autres termes: hétéroflexibles, pomosexuels (comprendre «postmodernes sexuels»), voire hétérofolles. Le phénomène ne devrait pas longtemps rester urbain: TF 1 s'apprête en effet à adapter l'émission de téléréalité américaine Queer Eye For a Straight Guy, dans laquelle un groupe d'homosexuels prend en main un hétéro et se charge de le transformer en métrosexuel, le relookant et modifiant jusqu'à son appartement. L'apparition de cette tendance tient pour une grande part à l'élévation du niveau de vie, même si l'on peut dire qu'au XVIIIe siècle des aristocrates poudrés et enrubannés ont été des métrosexuels précurseurs. «Après la Seconde Guerre mondiale, explique l'historien André Rauch, qui publiera en octobre prochain L'Identité masculine ou la revanche des femmes au XXe siècle (Hachette), la bourgeoisie a pris l'habitude de se soigner, d'aller plus souvent chez le coiffeur. Cela restait limité aux classes aisées. Aujourd'hui, la consommation est soutenue par une vaste gamme de produits.» Désormais, 80% des gens ont les moyens de s'offrir ce luxe. Et ils ne s'en privent pas. Les mâles ont dépensé 50 millions d'euros en produits de beauté en 2002.


    Certains bouleversements sociaux ont aussi préparé l'avènement de cet homme nouveau. «Dans notre société, il y a une survalorisation du plaisir, affirme André Rauch. Nos grands-parents pensaient qu'il y avait une vie après la mort. Aujourd'hui, cette idée est relativement absente.» S'il n'y a pas d'au-delà, autant avoir du plaisir ici-bas. Le métrosexuel est aussi l'un des symboles visibles de la disparition de la figure emblématique du père et de la fameuse crise de l'identité masculine. «Les métrosexuels sont la partie émergée de l'iceberg,», note Valérie Colin-Simard, dont l'ouvrage Nos hommes à nu (Plon) est consacré au décryptage des bouleversements du (de l'ex-?) sexe fort. Quand on n'a plus besoin de lui pour représenter l'autorité, le père peut s'épiler ou porter des bijoux. Surtout qu'il n'est plus le chef de famille. Au sein du couple, les rôles se sont équilibrés, les femmes se sont approprié ce qui, pendant des générations, relevait du rôle traditionnel de l'homme: elles travaillent, sont chefs d'entreprise, gagnent parfois plus que leur conjoint (pour 5% d'entre elles), décident quand elles veulent des enfants. Bref, dans les pays occidentaux, elles peuvent vivre sans les hommes. Alors, ceux-ci s'approprient cette part de féminité qu'elles ont laissé tomber. «Il y a en ce moment une sorte de recomposition, affirme la sociologue Christine Castelain-Meunier [La Place des hommes et les métamorphoses de la famille, PUF]. Les hommes sont en train de se remettre du coup de grisou engendré par le féminisme et de se réapproprier leur identité.»


    Le métrosexuel est aussi le fils d'une société plus infantile, «adolescentrique». «Le modèle n'est plus l'adulte, mais, l'adolescent, explique Frédéric Loeb. Il n'y a qu'à regarder l'humour actuel ou l'engouement pour le foot, un truc de gosse.» La faute, selon le psychanalyste Tony Anatrella, à la génération de 68. Ce sont des adolescents qui ont élevé des enfants. Résultat, explique-t-il, à 30 ans, ce sont toujours des ados.


    Le métrosexuel annonce un changement plus profond encore qui touche les hommes et les femmes. «On est au début de ce que les Américains appellent la gender flexibility (l'élasticité des genres), explique Christine de Panafieu. Jusqu'à aujourd'hui, chacun de nous était défini par son âge et son sexe. C'est ce qui structurait notre vie. Désormais, l'être humain se perçoit comme un mutant: il reste jeune plus longtemps et, grâce à la science, il modifie son corps.» Le genre devient donc accessoire. Ce qui compte, c'est le comportement. Dans ses études, Frédéric Loeb affirme avoir décelé non plus 2 sexes différents, mais 11!


    Pourtant, la réaction s'organise et cette mutation pourrait n'être qu'un effet de mode. Déjà les nouveaux rebelles arrivent. «Leur modèle est le rappeur Eminem, affirme le publicitaire Nicolas Riou, auteur de Pub Fiction [éd. d'Organisation]. Eux surajoutent les signes extérieurs de virilité, ils sont agressifs avec les femmes.» Il faudra encore un peu de temps avant que l'homme soit une femme comme les autres.


    Inquiets de leur virilité

    par Julien Bordier

    Enlarge your penis! Que l'internaute qui n'a jamais reçu de spam vantant une boîte de pilules miraculeuses lève la main! De nombreux sites Web - Penisexpert.com, Grand-penis.com, Quelpenis.com et Gros-penis.com pour les leaders - promettent monts et merveilles anatomiques, recevant jusqu'à 2 000 visiteurs par jour. La méthode, «héritée des tribus africaines» et dite «de stretching sexuel», vous coûtera entre 30 et 70 euros. Une affaire. Si ce n'est pas un marché, ça y ressemble.

    On dirait que les hommes, en 2004, sont toujours obnubilés par la taille de leur service trois pièces. «Ces préoccupations sont dues à un manque de confiance en soi, explique le psychiatre-sexologue Jean-Roger Dintrans, chargé de cours à Paris V et à Paris VII. Le pénis n'est que le point de cristallisation d'une angoisse sous-jacente.» Les calibres du cinéma porno ne sont pas les seuls responsables de ce complexe. Le Dr Ronald Virag, dans Histoires de pénis (Albin Michel), rapporte le cas de ce divorcé de 39 ans démoli par la réflexion de sa nouvelle partenaire: «C'est tout ce que tu as à me montrer!»

    «Tant qu'on n'enseignera pas à l'école que la longueur de la verge n'a aucun rapport avec la virilité, beaucoup continueront à se demander avec inquiétude s'ils sont normaux», souligne Florence Montreynaud, historienne et philologue, dans Appeler une chatte... Mots et plaisirs du sexe (Calmann-Lévy). Ainsi, «33% des hommes seraient prêts à bénéficier d'une augmentation du sexe,» note le Dr Sylvie Abraham, chirurgienne plasticienne à Paris, dans son livre La Chirurgie esthétique au masculin (Mazarine). Cela n'a pas toujours été le cas.

    «Pour les Grecs anciens, la beauté idéale de l'homme viril se résumait à l'association d'un petit pénis et de fesses musclées. [...] volumineux [...] (il) était synonyme de débauche et de sodomie passive», racontent Marc Bonnard, psychiatre, et Michel Schouman, urologue-andrologue, dans Histoires du pénis (Le Rocher). Chez les Desana-Tukano, Indiens de Colombie, pour avoir un statut social élevé, mieux vaut posséder un pénis de la taille d'un colibri.

    Les cas pathologiques de micropénis étant extrêmement rares, ces hommes en quête d'identité souffriraient plutôt de dysmorphophobie: la conviction profonde, jusqu'à l'angoisse et à la souffrance, que tout le corps, ou une partie, est anormal - en l'occurrence trop petit. Certains vont jusqu'à passer sur le billard pour se faire allonger ou épaissir le pénis. Comptez entre 2 000 et 5 000 euros. Mais qui est prêt à subir ce genre de tortures pour recouvrer sa confiance de mâle? «Des hommes de tous les horizons professionnels, entre 20 et 40 ans, répond Sylvie Abraham. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ils ont tous eu des expériences sexuelles satisfaisantes.»

    Si vous préférez rester chez vous, la palette des solutions, fantaisistes ou sérieuses, est pléthorique: pilules, extenseurs, patchs, pommades, vacuum, manipulations physiques... Avis aux amateurs.

    par Jean-Sébastien Stehli, Natacha Czerwinski

    L'Express du 08/03/2004
    http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/homme/dossier.asp


  • Commentaires

    1
    Tschok
    Lundi 7 Février 2005 à 18:46
    Charmeur!
    Ton 42 fillette et ton 45 sont demandés au parloir! Raplique ici en vitesse.
    2
    doineau
    Dimanche 28 Août 2005 à 19:17
    féminité en voie de disparition aussi
    je constate que bcp de femmes apprécient le genre métrosexuel à titre amical mais que ces hommes là ne les attirent pas et ne les satisfont pas sexuellement. comme colocataire ou copain d'accord mais pour se marier, hum ! visiblement, il y manque un je ne sais quoi de ... virilité ? donc, pour moi, il faut revoir la copie. je constate aussi, et personne n'en parle comme si la chose était tabou, que bcp de femmes sont ou deviennent métrosexuelles aussi : bcp de femmes se masculinisent parce qu'elles croient à tort qu'il faut être un homme, ou faire comme un homme pour réussir comme un homme. pourtant, des femmes prouvent qu'on peut réussir en restant femme. je trouve par exemple que MAM (excusez-là d'être de droite si ça vous gêne) est très femme quand elle dirige l'armée française en tailleur Chanel ! elle ne singe pas les hommes, elle n'est pas un "homme en jupon" comme le disent certains et certaines qui feraient bien de s'interroger sur leur vision de ce que doit être ou faire une femme pour être vue comme telle. c'est une femme qui fait les choses à sa manière et qui prouve qu'une femme peut faire aussi bien qu'un homme tout en restant femme, et les exemples du même genre ne manquent pas. que voyez-vous de non féminin chez elle ? elle commande des hommes ? elle a de l'autorité ? et alors ? n'est-il pas rétrograde et sexiste de penser que le pouvoir et l'autorité sont réservés aux hommes ? je crois que si. par ailleurs, parlons un peu d'amour si vous voulez bien. comme bcp de femmes veulent ressembler aux hommes et inversement, l'uniformisation des sexes va croissante me semble-t-il et le nombre de célibataires, comprenez des personnes qui ne trouvent pas une personne du sexe opposé qui suscite un sentiment amoureux chez elles, va croissant aussi, comme conséquence. la féminité qui suscite le désir de l'homme fout le camp autant que la virilité qui créé le désir des femmes. faut-il le regretter ? je crois que oui car la solitude que cette uniformisation engendre ne crée pas bcp de bonheur et, osons le dire avec humour, menace la survie de l'espèce humaine à terme. si les deux sexes continuent à se ressembler de plus en plus, quid de l'attirance pour l'autre sexe, son opposé, son contraire, son complémentaire ? et qui fera des enfants si "l'autre sexe" disparaît alors, si hommes et femmes deviennent identiques ? des utérus artificiels ? j'en ai froid dans le dos. la féminité peine à éclore chez les jf ou disparaît chez les femmes plus âgées parce qu'elle n'est valorisée par personne, assimilée à tort à de la faiblesse, soit dans l'éducation (conséquence du père absent ou passé à la trappe du divorce) soit dans le monde du travail, soit ailleurs : un certain féminisme radical jette le bébé avec l'eau du bain et dénigre collatéralement la féminité dans son élan réformateur. ainsi la féminité, admirée et sublimée dans le monde virtuel (cinéma, médias), est souvent brimée, critiquée, voire prohibée, dans la vie réelle, y compris par des femmes elles-mêmes, et au final... refoulée ! assez de contradictions, de vrais ou faux coupables, et de querelles aussi destructrices que stupides ! ne serait-il pas temps d'arrêter de fabriquer des androgynes, de réhabiliter les notions complémentaires de féminité et de virilité, et leurs bienfaits, pour qu'enfin cesse la guerre des sexes, que hommes et femmes retrouvent le goût de cultiver leur identité sexuelle respective au lieu de la gommer, et apprennent à respecter et apprécier leurs différences naturelles respectives ? amen ! soit dit en passant et pour conclure, uniformiser, gommer les différences au lieu de reconnaître et d'estimer leurs valeurs, voila le signe d'une maladie de l'intolérance bien française que j'appelle l'égalitarisme : sous couvert de souci d'égalité, on fait disparaître ou on nie les différences qu'on n'arrive pas à accepter (on essaie de supprimer le problème au lieu de le résoudre). il serait peut-être temps de revoir notre culture de l'intégration des différences et de rechercher des solutions au lieu de désigner des coupables. merci de m'avoir lu. nb1 : si vous n'aimez pas ce que je dis, traitez-moi de macho rétrograde si vous voulez vous faire du bien mais ça ne résoudra pas le problème ! comme la plupart des hommes, la nature fait que je suis attiré sexuellement et sentimentalement par les femmes qui assument leur féminité et qui l'expriment au quotidien et je constate que celles là sont mieux dans leur peau et ont une vie sentimentale. quand des femmes se comportent comme des hommes, il est étrange qu'elles s'étonnent d'être traitées par les hommes comme des hommes ; on a envie de leur payer une bière et de copiner mais pas de coucher avec elles et encore moins de les épouser. qui en souffre ? je vous pose la question. quand ces femmes (ré)apprendront à se comporter en femmes, elles seront traitées comme telles par les hommes et s'en réjouiront. à chacun et chacune de savoir ce qu'il (elle) veut et d'agir en conséquence. mettre une robe et des chaussures à talon, se maquiller et aller chez le coiffeur serait-il devenu une corvée dégradante ou une mission impossible ? essayez, vous verrez le résultat sur les hommes ! nb2 : d'accord, tout ça vaut aussi pour les hommes qui devraient cesser de vouloir imiter les femmes et (ré)apprendre aussi à être des hommes et des hétérosexuels assumés (voir Yvon Dallaire. "Homme et fier de l'être"). les femmes ne devraient pas s'en plaindre. nb3 : voir Mr et Ms Smith, où comment un homme viril et une femme féminine font la preuve qu'un homme et une femme peuvent faire exactement la même chose (flinguer à tout va en l'occurrence) avec la même efficacité tout en restant fidèles à leur identité sexuelle. ça n'est peut être que du cinéma mais bravo et merci quand même ;-) ! nb4: ça fait du bien de s'exprimer !
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    3
    Jeudi 11 Avril à 19:51

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